Turquie : une culture de basket

Tomber face à la Turquie en championnat international n’a jamais été une mince affaire pour une équipe nationale.  Souvent costauds et accrocheurs, les Turques ont depuis longtemps cultivé une culture du basket de haut vol, amenant régulièrement des jeunes au plus haut niveau. Jusqu’en NBA avec Hidayet Turkoglu ou Mehmet Okur, le pays a su placer ses meilleurs éléments, ceux-ci faisant bien plus que de la figuration dans leurs franchises respectives.

A l’heure actuelle, la Turquie représente le deuxième contingent étranger en NBA avec 5 joueurs, juste derrière la France et devant des pays comme l’Espagne ou l’Argentine.

Cette année encore, et certainement contrairement à la France justement, un Turque va rejoindre la Grande Ligue américaine, et pas des moindres. Enes Kanter, la future star annoncée de 19 ans tout juste (depuis 2 jours) va en effet s’inscrire à la Draft NBA. Toutes les prévisions le place déjà dans le top 5 de la « lottery », avec pourquoi pas un départ vers Cleveland qui possède le 4ème choix en plus de son Top Pick. Un duo Irving-Kanter pourrait en une saison refaire des Cavaliers une équipe d’avenir. Enquête sur ce jeune Turque parti pour dominer en NBA !

Formé au Fenerbahce

Enes Kanter n’est pas né en Turquie mais à Zurich en Suisse, où son père a fait ses études. Revenu dès son plus jeune âge dans son pays d’origine, il a commencé le basket très tôt. Évoluant tout d’abord au collège d’Ankara, sa taille et son profil physique peu commun lui ont rapidement ouvert les portes du plus grand club turque : le Fenerbahce à Istanbul. Kanter est un joueur dominateur, il se fait très vite remarquer durant sa formation dans la capitale.

Il passe par toutes les étapes des équipes jeunes, participant au championnat européen des moins de 16 ans en 2007 puis des moins de 18 ans en 2008. En 2009, il finit MVP de l’Euro U18 qui se déroule en France avec pas moins 16.5 rebonds par match. Le jeune Turque est déjà une référence sur le vieux continent, l’un des joueurs le plus doué de sa génération.

Inéligible en NCAA

Comme beaucoup de jeunes européens, Kanter décide de profiter de sa renommée pour partir s’aguérir aux Etats-Unis. La saison 2009-2010, il la passe dans un petit lycée de Californie : le Stoneridge Preparatory. Sans réel concurrence, le Turque fait des cartons à chacune de ses sorties, il domine au scoring comme au rebond. Les plus grandes universités lui font les yeux doux pour la saison suivante, lui décide de rejoindre les Wildcats de Kentucky qui viennent de perdre John Wall parti en NBA. C’est malheureusement là que les ennuis vont commencer pour Kanter.

Alors qu’il explose tout au Nike Hoop Summit, où il bat le record de Dirk Nowitzki avec 34 points et 13 rebonds, il va très vite regretter d’avoir quitter l’europe si prématurément. En effet, fidèle à ses principes, la NCAA le déclare inéligible en Novembre 2010 et lui interdit de porter le maillot des Wildcats.

La raison ? Kanter aurait touché 33 000 dollars de prime lors de son passage au Fenerbahce. La NCAA étant une ligue amateur et scolaire, elle refuse tout joueur ayant déjà touché de l’argent de la part d’un club professionnel auparavant. Les deux appels du coach Calipari n’y changeront rien, la star Turque est officiellement cloué au banc en Janvier, et ce pour toute la saison 2010-2011. Ses rêves de briller en championnat universitaire se volatilisent.

Il aurait pu revenir jouer en Europe, mais Kanter reste Outre-Atlantique pour s’entraîner dans son coin, risquant au passage de faire baisser sa côte chez les recruteurs. Pour rester en forme, il rejoint l’Attack Athletics, le camp entrainement de Tim Grover l’entraîneur des stars. Il y reste toute la fin de saison afin d’y préparer la Draft. La vidéo nous montre les entraînements suivit par Enes Kanter avec Grover, beaucoup voit en lui une sorte de nouveau Al Horford.

Quoi comme joueur ?

En effet, Enes Kanter est un intérieur puissant de 2m08. Plutôt costaud, il est très difficile à bouger dans la peinture, étant très efficace au rebond grâce à ses long bras. Loin d’être un Tyrus Thomas, il possède un QI basket élevé qui lui permet d’être un diable en attaque. Capable de jouer le contact comme de shooter à mi-distance, il représente vraiment les intérieurs à l’européenne tels que Pau Gasol ou Dirk Nowitzki. Autre point fort, il possède un très bon pourcentage aux lancers-francs pour un intérieur, une arme de plus.

Le Turque possède une impressionnante éthique de travail, le seul point inquiétant pour les recruteurs aujourd’hui reste sa fragilité par rapport aux blessures. En effet, le joueur a souvent souffert au niveau des genoux, problème récurrent chez les BigMan. L’équipe qui le sélectionnera prendra donc le risque de vivre la situation de Portland avec Greg Oden…

Quelle destination en NBA ?

Comme on l’a dit, la saison blanche de Kanter n’a étonnamment pas fait baisser sa côte en NBA. Profitant d’une Draft relativement faible, le joueur va facilement se hisser dans les 5 premiers choix. Meilleur intérieur de la cuvée, beaucoup d’équipe en manque de poids dans la raquette s’intéressent à son profil. Dans les dix premiers choix, Cleveland et et Washington seraient les franchises qui en auraient le plus besoin pour renforcer leurs secteurs intérieurs.

Justement, depuis quelques jours le principal intéressé n’a cessé de répéter que sa destination idéale serait… les Wizards. En effet, le pivot rêve de former un duo avec John Wall, un autre « ancien » de Kentucky qu’il a souvent rencontré. On ne sait pas si c’est une stratégie mis en place par lui et son agent, mais affirmer vouloir en priorité rejoindre Washington n’est pas forcément une bonne opération pour le Turque.

Beaucoup de joueur ont déjà tenté cela auparavant, les autres équipes en avait profité pour déjouer les plans de leurs concurrents en les choisissant plus haut dans la Draft. Les Wizards possèdent le 6ème choix seulement, pas sur que Kanter soit encore disponible à ce moment. Sur le papier pourtant, une association Wall-Kanter aurait de quoi faire rêver : l’avenir de la franchise serait d’ores et déjà assuré avec un meneur-organisateur explosif et un intérieur dominant. C’est ce qu’on appelle l’association parfaite !