Dirk Nowitzki : MaVistral !
Actualité, L'oeil de BasketMan | Par Antoine le 15 juin 2011 à 0 h 27 min
L’ailier-fort (devrait-on dire shooteur ?) mérite amplement son titre de « Finals Most Valuable Player ». Son coach Rick Carlisle le met même dans une liste très fermée de joueurs qui ont réussi un triplé en or : 10 sélections de All-Star, MVP de la saison, MVP des finales. Un argument de plus selon son entraineur pour placer l’Allemand parmi les meilleurs joueurs de l’histoire. Si l’on n’ira peut-être pas aussi loin que le technicien – qui au passage a fait quelques erreurs en mentionnant seulement 11 joueurs ayant acquis ce palmarès – on va quand même prendre le temps de faire le point sur la performance du joueur et tirer son portrait.
L’un des éléments les plus importants est indubitablement le fait qu’il est la seule star de son équipe. Certes, l’effectif est riche et bourré d’expérience à Dallas. Mais aucun autre Mav n’a été sélectionné pour le All-Star Game – ce qui fait de Nowitzki seulement le 5ème joueur de l’histoire à avoir gagné un titre selon ce critère – et, si Jason Kidd est indubitablement un Hall of Famer (le seul autre H.O.F. ?), il a passé depuis quelque temps déjà ses meilleures années.
Alors oui, Dirk a été aidé, beaucoup parfois, comme notamment dans le match 6 décisif. Mais tous les membres du roster affirment haut et fort qu’il est le leader incontesté qui les a amenés au titre. Un exploit pas forcément évident, sachant que personne n’avait eu l’expérience de gagner le Larry O’Brien Trophy auparavant côté Mavericks.
Surtout, c’est lui qui a pris pratiquement toutes les fins de match à son compte. Que ce soit durant les playoffs où pendant les finales, s’il y avait un tir décisif à rentrer, le Wunderkind était l’homme de la situation, et il n’a pas souvent failli, à part dans le match 3 (de peu). Sinon, que ce soit main gauche ou main droite (game 2 et 4), ou après un match sans réussite aux tirs (match 6), il a toujours trouvé le moyen d’exploser dans le quatrième quart-temps (+ de 10 pts de moy.) et assurer aux lancers-francs (45/46 sur les Finals : ri-Dirk-ulous !!!).
Et même quand il a fallu que d’autres rentrent des paniers pour l’équipe à la fin (match 5 et en partie match 6), ce sont les deux Jason (Terry et Kidd) qui ont pris le relai. Or, les deux lui donnent tout le crédit de leurs réussites : Kidd a déclaré récemment que c’est grâce à l’Allemand s’il a prit confiance dans sa capacité à rentrer des 3 points, tandis que Terry a eu besoin que le grand blond viennent lui souffler dans les bronches au match 2 sur le banc, dans un langage apparemment très fleuri, et de manière plus contrôlée mais directe en conférence de presse après la défaite au match 3. Si le « Jet » mérite tout l’honneur d’être devenu clutch en fins de matches ensuite (il mérite d’ailleurs un article, on y planche…), il faut saluer les capacités de leader vocal et psychologique de Nowitzki dans cette histoire. Ce qui est d’autant plus important que la défense du Heat était focalisée sur lui, ce qui est le désavantage le plus immédiat quand on est la seule star.
Autre élément à souligner dans la longue liste de ses mérites : il n’a pas forcément été avantagé côté physique. La blessure au tendon du majeur gauche survenue à la fin du match 1 ne semble pas l’avoir gêné, mais ce fut quand même un obstacle à surmonter puisque c’est la main qui guide son shoot, dont il se sert pour dribler souvent, pour attrapper le ballon sur une passe ou un rebond etc. Et puis, encore une fois, c’est de cette main qu’il a rentré le panier décisif (du match et sûrement des finales) au game 2. Là-desssus, il s’est tapé un bon rhume qui ne l’a pas empêché de briller lors d’un match 4 où il avait moins la fièvre – 39 degrés quand même – qu’il ne l’a mise au Heat, forçant derrière Wade et LBJ à essayer de le moquer mais se tournant plus en ridicule aux-mêmes… et finalement creusant leur propre tombeau.
Tout ça, en restant dans la même équipe depuis qu’il est arrivé en NBA, et après avoir connu une traversée du désert comme peu en ont eu après la défaite humiliante aux Finals 2006 et les prises de pieds dans le tapis durant les playoffs les années suivantes. D’ailleurs, il a souligné qu’il n’aurait peut-être pas accompli tout le travail qu’il a fait s’il avait gagné plus tôt dans sa carrière et pas après 13 saisons.
De plus, c’est apparemment vraiment un mec bien. Il n’a pas hésité à valoriser l’épanouissement intellectuel des sportifs, citant ses intérêts littéraires et musicaux pendant les finales, un message pas forcément beaucoup entendu, même si l’on peut témoigner qu’en fait pas mal de joueurs lisent des livres, notamment dans les vestiaires avant les matches (le Jazz d’Utah remporte d’ailleurs la palme dans cet exercice selon notre observation rapide et non-exhaustive). Certes, c’est moins tendance de parler de Led Zep et des Stones que de se ballader avec les gros écouteurs du Dr. Dre, mais ça donne quand même l’air franchement moins con (le jugement n’est pas sur le contenu ou les goûts musicaux des joueurs, mais bien l’attitude). Il a aussi donné tout le mérite au coach particulier qui l’entraine depuis ses 16 ans et l’a accompagné aux USA, devenant « un deuxième père », et l’ayant d’ailleurs poussé à cet intérêt culturel et intellectuel mentionné plus haut. D’autres journalistes ont fait le rapprochement entre ce genre d’entourage et celui que d’autres joueurs préfèrent avoir (LeBron James étant d’ailleurs certainement « King » uniquement dans ce domaine…).
Alors voilà, on est franchement content ici que Dirk ait eu son titre et soit un MVP des finales tellement méritant. Peut-être plus pour lui que pour les Mavs d’ailleurs. Entendons-nous bien : la victoire collective de Dallas (dont deux frenchies !) sur les logiques individualistes et super-starisées de Miami est également un régal ; mais la culture managériale de cette franchise nous inspire juste un peu moins, et le fait que Mark Cuban l’ait enfin fermée une fois dans sa vie n’a pas fait oublier cela.
Bien sûr, Nowitzki n’a pas toutes les qualités : il lui a quand même fallu treize ans et peut-être quelques circonstances favorables pour en arriver là, et ce n’est pas non plus un très bon défenseur ou passeur, ni même rebondeur pour sa taille. Mais il y a vraiment intérêt qu’on apprécie en Europe ce joueur issu du vieux continent à sa juste valeur, quitte à faire un peu son éloge, car ce n’est pas vraiment le cas ici aux Etats-Unis. Certes, c’est peut-être en partie dû à un certain manque de charisme, voire de côté flashy chez ce joueur atypique. Mais la seule comparaison que les médias américains ont trouvé pour le rapprocher des tout meilleurs joueurs repose presque uniquement sur la couleur de sa peau – mettant ainsi en avant une ressemblance avec Larry Bird qui reste assez fumeuse. Pour le reste, Dirk est placé derrière les autres grands joueurs, ou au mieux tout juste avec eux. Mais quand-même un peu derrière… Pathétique vu la performance qu’on a tous pu observer (le plus souvent bouche-bée) et le parcours du joueur.
Alors Dirk, peut-être pas parmi les 10 ou 12 meilleurs joueurs de l’histoire en NBA comme Carlisle semblait le vouloir, mais certainement un phénomène unique (tiens, on n’avait pas encore écrit qu’il est un shooteur infernal mesurant plus de 2m10) qui mérite sa place dans le panthéon NBA après ces finales.
Classe! Bel article, bien fouillé. Rien qu’avec cette stat, plus de 10 pts de moyenne dans le 4ème, dirk a montré qu’il en avait. Peut-être pas dans les 12 meilleurs de touts les temps, mais bien le meilleur de ces playoffs! J’en profite pour m’excuser pour mon temps mort niveau dessin dans les phases finales, mais j’ai été vachement pris ces derniers temps (petits problèmes perso). Pour me rattraper j’ai mis un dessin sur King James dans le back, à publier quand vous voulez! A plus!
le 15 juin 2011 à 13 h 55 minNon mais en plus c’est le MVP de la blague : hier au Letterman Show, il a lâché comme « Good thing about winning a championship » >> « Ça va peut-être me permettre de récupérer une des soeurs Kardashian » !
Bon, elle était sûrement préparée celle-là, mais quand même, rien que pour la tronche qu’il fait en lachant la vanne, c’est trop bon !
le 16 juin 2011 à 19 h 46 min