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« Il arrive un moment où le coût est simplement trop élevé, j’ai donc demandé à notre management de lâcher le deal avec les Denver Nuggets et d’annuler le meeting avec Carmelo Anthony ».

En Russie ou aux États-Unis, Prokhorov ne déconne pas avec le business

Mikhail Prokorov aime quand on joue propre, ou du moins il se plait à le déclarer ainsi.

Il faut dire que du côté de Denver, la direction s’est cru très maline en retardant au maximum un accord de transfert qui semblait très probable, voire certain. Une opération impliquant trois équipes et une bonne dizaine de joueurs, un coup avec les Pacers, un coup avec les Cavs, un coup avec les Pistons… Le jeu d’attente pour les Nuggets consistait à laisser New Jersey perdre le maximum de matches possibles pendant ce temps-là.

Pourquoi ?

Simplement parce que ce package comprenait deux choix de premier tour de draft. Si les Nets ont – ou continuent d’avoir – une mauvaise saison, ces picks devraient logiquement avoir plus de valeur et permettre de recruter de meilleurs joueurs : les équipes avec un mauvais bilan obtiennent plus de chances de choisir tôt.

Mais la combine n’a pas du tout plu au milliardaire russe, propriétaire de la franchise du « Garden State ». D’autant qu’il estime en plus que cela mit une pression supplémentaire sur les joueurs concernés, faisant perdre un nombre  important de matches gagnables autrement. Il n’était pas sûr non plus que Melo souhaite évoluer pour les Nets à long terme, et donc signer une extension de contrat avant le transfert… ou bien il savait clairement que cela n’arriverait pas et a donc retourné la situation en sa faveur, sur le dos de Denver.

La sentence est donc tombée, russian style, sans sourire ni remord et sous un regard aussi froid que l’hiver moscovite

George Karl, coach des Nuggets, ne s’estime pas surpris. Un petit sourire en coin, il espère même encore retourner la situation, en convainquant Carmelo qu’il a une chance de gagner le titre ici, depuis le retour de blessures de plusieurs joueurs. Quand au reste de la situation, il laisse « ceux de l’étage du dessus » (les managers) gérer la suite. Une division du travail somme toute assez logique.

Melo continue de la jouer cool, même si son début de match contre OKC sembla laisser transparaître une certaine déconcentration. Le public de la « Mile-High City » ne l’applaudit pas lorsqu’il mit quelques dunks, lors d’une soirée où il retrouva finalement son basket (35 pts, 7 rbds). Post-match, il déclara ne pas trop se soucier, tenter de rassembler l’équipe pour continuer de gagner, et poursuivre sa position d’attente vis-à-vis du reste de la situation.

Au Prudential Center de Newark, Prokhorov mit à l’honneur la culture russe pour une soirée spéciale, avec danses traditionnelles et mascottes déguisées en ours comme animation de match. Les Nets accueillaient ce soir-là Utah, dont l’effectif comprend le joueur russe le plus connu : Andreï Kirilenko, alias AK47. Prokhorov fut applaudit par toute la salle, alors que l’annonce concernant le deal pour Anthony avait été faîte plus tôt.

La fin de l’histoire ?

La manœuvre n’est en fait pas forcément si définitive qu’elle ne veut l’apparaitre vis-à-vis de la négociation. Si Denver remet le deal sur la table, il y a peu de chances que New Jersey laisse passer l’occasion – à condition que Carmelo signe l’extension. Mais ils obtiendront certainement au passage une revalorisation de leur part d’échange : un joueur en moins à lâcher, un avantage financier, ou autre… Voire simplement une accélération du processus.

À moins que Prokhorov, le proprio venu du froid, ne  joue ce rôle jusqu’au bout, histoire de bien faire comprendre le coût du petit jeu que la franchise du Colorado a essayé de faire avec eux, alors que les Nets leur proposaient certainement le meilleur deal qu’ils pourraient obtenir pour Melo.

Et lancer aussi un message au reste de la ligue.

Dans tous les cas, Prokhorov s’y retrouvera certainement. Il a déjà réussit à faire une bonne opération médiatique en sa faveur et donner du poids à la manière dont il dirige la franchise, tout en félicitant la manière dont son front-office a géré la situation précédemment.

Qui aurait cru ici aux États-Unis, avant la soirée d’hier, que le seul propriétaire étranger – suspecté hâtivement de tremper dans des affaires salles sur la seule base des origines russes de sa fortune – viendrait dire à des owners américains que leur manière de faire du business n’est pas assez éthique ? Et en plus avoir un relai d’opinion favorable suite à ça ?

Une histoire où le plus malin n’était pas forcément celui qu’on croyait…

Et comme dans le roman de Dostoïevski, l’acte comptera surtout par ses conséquences.


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Déjà 1 commentaire :

  1. MrFundamentals
  2. Bien résumé cette affaire! Mais Prokhorov doit comprendre que le basket ne se négocie pas comme le foot: on arrive pas avec des billets verts sur une canne et on attends pas que ça mords, faut être patient et surtout, surtout, reconstruire! Encore quelques tours de drafts et des bons FA (je pense que l’objectif est 2012 avec Paul, Williams et Howard!), et les Nets pourront être à nouveau compétitifs, et qui sait nous faire une rivalité à la Jets/Giants!

    le 22 janvier 2011 à 8 h 35 min