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Comme le ballon, Ray Allen aurait-il mit le record hors de portée ?

NBA : When History Happens

Alors là, pour le coup, il y en a eu des pages de tournées ! Le record de trois points détenu par Reggie Miller ? Terminé. La présence de Jerry Sloan sur le banc du Utah Jazz ? Pareil. Mais comme toujours, il y en a qui s’ouvrent ensuite. Une qui devrait durer : le nouveau record de Ray Allen. L’autre qui ne va alimenter la polémique que pour quelques jours : la responsabilité de Deron Williams dans le départ du coach qui était, jusqu’à hier, en fonction depuis plus longtemps que tous ses confrères de la ligue nord-américaine. Let’s go !

Los Angeles Lakers @ Boston Celtics

Le genre d’affiche mythique qui en a déjà rempli quelques uns, des bouquins d’histoire. On ne crachera donc pas sur une petite ligne supplémentaire : un record pour celui qui est – à débattre – le meilleur shooteur à trois points de la NBA. Comme si le décor n’était pas déjà suffisamment planté, les équipes portaient en plus des maillots retro, rappellant ceux des années 80. À la limite du film en costumes d’époque.

Dès le début du match, les fans ont poussé de la voix à chaque touche de balle de l’arrière-shooteur de Boston. Des encouragements qui firent sourire leur destinataire, d’habitude non-émotif sur le terrain. Mais il fallut attendre huit minutes pour que le numéro 20 égale le record. Une explosion retentit alors dans un Boston Garden jamais calme, mais ce soir là carrément euphorique.

Trois minutes plus tard, la marque laissée par Reggie Miller – 2560 tirs réussis – rétrograde d’une place sous le coup du 2561ème 3-points rentré par Ray Allen. Miller, l’ancien joueur d’Indiana, est au bord du terrain car il commente le match pour la chaine TNT. Allen profite alors des lancers francs tirés juste après pour aller lui donner une franche accolade, pleine d’émotion, et remercier celui qu’il a toujours exposé comme son modèle. Celui de Reggie était Larry Bird, un symbôle des Celtics. La boucle est bouclée.

Le meilleur ennemi de Spike Lee (voir la partie 2 de l’article fait sur le réalisateur Brooklynite) aurait même copié sa routine sur celle du meilleur ennemi de Magic Johnson (lire le superbe « When the game was ours »). Un soir où il était venu s’échauffer avant un match contre Boston, Reggie vit Larry réaliser quelques exercices qui l’inspirèrent ensuite. Il a même failli devenir un Celtics ! Lors du méga-trade qui a formé le Big Three, le GM Danny Ainge chercha à faire rempiler celui qui n’avait porté que le maillot des Pacers durant sa carrière. La prise en considération de cette proposition dura même un mois : Miller renfilla ses baskets pour s’entrainer dans une gym de Santa Monica avec Mark Jackson et… Kevin Garnett. Après des doutes sur ses possibilités physiques à 42 ans et sa motivation pour relancer sa carrière dans un autre club, le clutch-player sentit que le timing n’était plus bon.

Une décision tout aussi admirable que les heures de travail que lui et les plus grands artilleurs longue distance de la NBA ont du abattre pour en arriver là : en haut du tableau. Allen a encore quelques années devant lui et pourrait même se mettre à une distance quasi-intouchable pour les générations futures (même si Stephen Curry y travaille). Il faudra en tout cas un specimen de shooteur prodigieux pour dépasser l’ogre Allen, qui avait déjà brisé le record sur un match de finales avec 8 trois points l’an dernier (7/7 dans les deux premiers quart-temps).

Est-il vraiment le meilleur shooteur de l’histoire ? En volume, oui, pour un moment donc. En adresse, c’est moins certain, puisque Dale Ellis (en 4ème position au nombre de trois points réussis) a un meilleur pourcentage en carrière : 40,3 contre 39,5. Mais Ray Allen est à un fantastique 46% cette saison et pourrait donc encore améliorer ce secteur.

La première page est maintenant tournée, passons à la deuxième.

Jerry Sloan démissionne

Le genre de nouvelle inattendue, surprenante, impensable, incroyable… C’est Jerry Sloan bordel ! On attend le mauvais plan genre diagnostic médical inquiétant ou autre, mais c’est finalement une décision personnelle du coach légendaire qui a entérinée cette annonce. Il ne se sent plus écouté, plus capable de mener à bien cette équipe.

Après pourtant 23 saisons sur le banc, un bilan de 1221 victoires – c’est plus que Pat Riley ou Phil Jackson et il était en passe de battre Lenny Wilkens et Don Nelson pour le record – ainsi qu’ une longévité égalée par aucun autre coach en activité, on pourrait penser qu’il avait les moyens de faire faire de meilleures choses au Jazz que n’importe qui d’autre. D’ailleurs, depuis qu’il a commmencé comme coach (intérimaire) à Utah, 154 autres entraineurs ont posé leur popotin sur un banc NBA. S’il y en avait de bien meilleurs, il aurait perdu sa place avant.

Deron Williams est pointé du doigt comme le bourreau. Premièrement, on n’en saura jamais vraiment rien : le club de Salt Lake City est connu pour ne rien laisser filtrer. Deuxièmement, ça ne peut pas être complêtement vrai : Sloan a eu une ribambelle d’altercations similaires qui ne l’ont jamais fait partir. Comme joueur ou comme entraineur, c’était un combattant – sanglant parfois – qui ne serait pas parti sans se battre. Cependant, il a bien dû sentir que le meneur star faisait tout pour donner une direction différente à la franchise, déçu par les décisions managériales et le style de jeu. Comme il peut devenir free-agent cet été, le rapport de force était à son avantage. Sloan avait pourtant re-signé son habituel contrat d’un an pour 2012. Mais ces multiples contrats annuels montraient bien qu’il partirait dès qu’il sentirait l’heure venue. Quelque chose a donc bien dû se passer dans les jours précédant sa démission, dont l’accident avec Williams fut le catalyseur.

On reviendra parler de la manière dont cela peut rejaillir sur le meneur – considéré souvent comme le meilleur à son poste actuellement, qui va devoir gérer une crise d’image publique et affirmer un rôle décisif vis-à-vis du Jazz. Ça va se jouer en peu de temps mais ça aura forcément des implications.

D’ici là, prenons juste le temps de considérer ces pages qui viennent de défiler.

Entendu à la télé

Petite anecdote récupérée en préparant l’article… Kobe aurait dit à Gasol de se transformer en « Black Swan » avant le match contre les ennemis de Boston. Really Kobe ? Black Swan ? For real ?! Autant Black Mamba c’est classe, Black Swan ça fait toujours lopette… qu’il y ait un film (très moyen) portant ce nom là ou pas.


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Déjà 4 Commentaires :

  1. Pierre
  2. Je n’aime vraiment pas les Celtics mais je les respecte rien que pour avoir l’un des plus beaux, des plus élégants, des plus brillants, des plus éblouissants shooteurs de l’histoire de la NBA dans leur effectif.
    Ray Allen, où comment mêler la rapidité d’exécution à l’efficacité.
    Ses appuis sont impressionnants, il lui faut 0.7 sec pour déclencher son shoot.
    Je me rappelle avoir lu qu’il disait que le plus important pour shooter était d’être solide sur ses jambes.

    le 11 février 2011 à 23 h 01 min

  3. Antoine
  4. Et encore… 0,7 secondes c’est en sortie d’écran, avec une passe de Nate Robinson pratiquement dans les pieds (moi aussi j’ai vu la vidéo, LOL). Je ne serai pas étonné qu’en catch-and-shoot dans le corner, ça descende en dessous de la demi-seconde. Mais tu as complêtement raison de souligner ses appuis fantastiques. Comme quoi, les fondamentaux… Et n’oublions pas les heures à shooter, mais aussi à s’entrainer en salle de muscu pour un travail spécifique sur les jambes et son endurance admirable.

    le 11 février 2011 à 23 h 07 min

  5. Pierre
  6. Entièrement d’accord. Allen dit qu’il passe énormément de temps à shooter et que ce n’est pas « un don de Dieu ». Ensuite, c’est vrai qu’il entretient une condition physique remarquable pour un arrière, ce n’est pas un simple shooteur qui attend le ballon dans le corner.
    En résumé, c’est un travail de longue « haleine » tout ça. 🙂

    le 12 février 2011 à 11 h 25 min

  7. Antoine
  8. Joli le jeu de mots !

    le 12 février 2011 à 11 h 47 min