Drazen Petrovic in the legend
L'oeil de BasketMan | Par Arthur le 27 novembre 2010 à 15 h 19 min
Un exemple à l’européenne
Beaucoup cité récemment, je suis tombé sur le reportage d’ESPN pour fêter ses trente ans, celui qui relate l’histoire de Drazen Petrovic et Vlade Divac, les deux ex-Yougoslaves. Amis, presque frères jusqu’en 1990, date de la séparation de la Yougoslavie, les deux hommes ont été éloigné, l’un étant devenu Serbe, l’autre Croate. Leur amitié a été brisé par des conflits politiques qui les dépassaient, dont ils n’étaient pas acteurs. Tout deux furent des pionniers en NBA, ouvrant les portes de la Grande Ligue aux européens encore peu acceptés à l’époque.
Le reportage que je vous conseille vivement de voir (30 for 30 : Once Brother) raconte l’histoire de ces deux hommes entrés dans la légende, il est ainsi raconté par Vlade. Drazen, considéré par certains comme le meilleur européen de l’histoire étant parti trop tôt, à 28 ans, sur une route Allemande. Divac a toujours espéré une réconciliation avec son frère de coeur, le destin en décida malheureusement autrement…
Une amitié à toute épreuve
Drazen Petrovic était un meneur de génie. Ce mordu de basket, qui grandi en Croatie (Yougoslavie dans sa jeunesse) ne vivait que pour ce sport. Les nombreux témoins du reportage le racontent, chacune de ses discussions tournaient autour de la balle orange, il n’y avait de place pour rien d’autre. Comme tous les grands champions, Jordan et Bryant y compris, il cultivait une haine totale de la défaite, ce mot ne faisait pas parti de son vocabulaire.
Son enfance, il la passa sur les playgrounds et dans les gymnases, répétant incessamment ses gestes pour devenir le meilleur. Il vécu son adolescence liée à Vlade Divac, ces deux partageaient la même chambre. Très proches, ils cultivaient le rêve un peu fou d’un jour rejoindre la NBA, et avaient décidé de s’en donner les moyens. Petrovic avaient 4 ans de plus que son ami, ils veillaient mutuellement l’un sur l’autre. Lorsqu’ils n’étaient pas ensemble, ils s’appelaient des heures durant pour se raconter leurs vies, tournant essentiellement autour du basket.
Comme des frères, ils se sentaient forts et croyaient que leur amitié résisterait à toute les épreuves, les plus dures même.
Sur le toit de l’Europe
Durant les années 80, Petrovic était un dieu en Europe, un joueur inarrêtable, shooteur à trois points de génie. De retour de son service militaire avec la Yougoslavie, il choisit de rejoindre le Cibona Zagreb parmi les nombreux clubs qui lui font les yeux doux. Il y retrouve son frère, également joueur et très présent dans le reportage. Celui-ci parle, très ému de son petit frère parti trop tôt.
Dès sa première saison, il est le patron sur le terrain, un dieu de la balle. Zagreb rafle tout : coupe d’Europe, de Yougoslavie, championnat de Yougoslavie ! Mozart comme on le surnomme, est divin, marquant 26 points dans la seule deuxième période de la finale de coupe d’Europe. Son passage dans la capitale Croate entrera dans l’histoire. Il n’avait pas d’égal sur le terrain, il était le patron incontesté.
Son plus grand exploit, plus grand que celui de Wilt Chamberlain en NBA : 112 points en un match ! 40/60 au tir en un match, tout simplement incroyable, il n’y a pas de mot. En quatre saisons à Zagreb, il tournera à 37 points de moyenne et empochera deux titres de champion d’Europe et quatre de meilleur joueur Croate. Son palmarès se remplit déjà.
Son fameux shoot à trois points directement après la montée de balle est devenu sa signature ; tout comme son légendaire point levé après un panier.
Pendant ce temps, son « frère » évolue lui sous les couleurs du Partizan Belgrade, future capitale Serbe. Sa taille (2m16) et sa domination au poste de pivot permettent à Divac de lui aussi se faire remarquer en Europe. Les deux hommes deviennent petit à petit des références, leurs rêves de gloire en NBA se révèlent de plus en plus envisageables. Ils sont toujours aussi proches et restent sans cesse en contact.
En 1988, Petrovic quitte Zagreb après un dernier titre en coupe de Yougoslavie. Il rejoint le club de référence en Europe, le Real Madrid, contre lequel il vient de perdre en finale de Coupe d’Europe, avec pas moins de 47 points de sa part. Comme dans son ancienne équipe, il est LE boss avec quelques célèbres pointes à 62 ou 44 points. Les titres continuent de s’enchaîner.
En 1986, alors qu’il joue à Zagreb, il fut sélectionné à la Draft NBA par les Blazers, mais il resta en Europe quelques années encore.
La Yougoslavie emmenée par ses héros
Durant et surtout à la fin des années 80, l’équipe référence en Europe et même dans le monde : c’est la Yougoslavie. Drazen Petrovic en chef d’orchestre, Vlade Divac, Toni Kukoc, Dino Radja en joueurs modèles, l’équipe a de la « gueule ». Ces derniers sont d’ailleurs tous présents dans le reportage pour parler de Petrovic; il était aimé de tous. Ensemble, tous ces pionniers passés un jour par la NBA feront monter leur nation, unie à l’époque sur le toit du monde. Les Yougos symbolisaient le jeu à l’européenne, dépassant même les Américains dans leur propre sport.
Les titres s’enchaînent dans les mains de cette génération dorée. 3ème aux Jeux olympiques 1984, deuxième en 1988 ; ils se rapprochent petit à petit d’un titre mondiale qui consacrerait cette terre de basket. Sur la scène européenne, ils sont incontournables remportant le titre en 89 et 91 avec une domination sans précédente. Le leader est incontestablement Petrovic, il est l’idole de tout le pays unis autour de son équipe. Les jeunes le prennent comme exemple.
Le plus grand exploit des Yougoslaves datent de 1990. Cette année là, ils remportent le championnat du monde, battant les Etats-Unis en demi-finale et faisant tomber l’URSS en finale pour sa dernière participation. Le score 92-75 reflète la domination de l’équipe européenne, elle est enfin consacrée. Ce match, mythique pour la Yougoslavie unie, restera à jamais comme le jour ou tout s’écroula entre Petrovic et Divac… (Suite à suivre)