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De Michel Ange à Allen Iverson

Décalé | Par Alex le 8 janvier 2011 à 17 h 14 min


Deux vies, deux époques, deux destins

La rubrique « décalée », ou comment voir le basket-ball sous un angle nouveau

Je te vois déjà, toi lecteur, que je remercie d’avoir bien voulu cliquer sur cette article, se demander : « what the F… ! ».  Que vient faire Michel Ange sur un site de basket-ball, et qui plus est, dans un article qui parle d’Allen ‘Only The Strong Survive’ Iverson ?

C’est vrai qu’entre Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, peintre, sculpteur, poète, architecte et surtout génie de la renaissance italienne, à qui l’on doit notamment les chefs d’œuvre que sont le David, la Chapelle Sixtine ou le dôme de Saint-Pierre… et notre idole à tous, Allen Ezail Iverson, basketteur américain, MVP en 2001, deuxième meilleur marqueur de l’histoire des Sixers, deuxième meilleure moyenne de points par match en play-off de l’histoire de la NBA, quatre fois meilleur marqueur de la NBA, etc…vous me direz qu’ils sont loins de partager quoi que ce soit, ou d’avoir un semblant de point commun.

Et pourtant …

De Constantinople à Istanbul, une star du sport américain des années 2000 sur les traces de l’un des plus grands artistes du 16ème siècle

Et pourtant, ces deux personnages, aussi éloignés l’un de l’autre qu’un Pierre Ménès et un Stendhal, ont à un moment de leur vie, été sollicités pour exercer leur talents sur les rives du Bosphore.

Si tous les fans de basket savent que A.I finit actuellement sa carrière dans le club d’Istanbul, le Besiktas Colaturka, peut être qu’ils sont moins nombreux à savoir qu’il y’a 5 siècles, Michel-Ange arriva à Constantinople (le nom d’Istambul à l’époque) en 1506 pour lancer le chantier d’un gigantesque pont qui relierait les deux rives de la Corne d’Or.

A l’époque, Michel-Ange peste contre Jules II le pape guerrier et autoritaire qui l’a si mal traité alors qu’il lui concevait un mausolée. Michel-Ange est orgueilleux. Michel-Ange a conscience d’être un artiste de valeur et surtout  Michel-Ange est méfiant à l’égard des puissants, devant lesquels il faut toujours s’abaisser. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un ?

A l’instar d’ Allen Iverson, Michel Ange va venir par appât du gain dans cette ville aux portes de l’Orient, alors qu’il n’est pas encore le célèbre créateur du plafond de la Chapelle Sixtine.

Les deux hommes, à une époque si différente, ont pourtant dû vivre une expérience similaire à leur arrivée. Entre l’Américain, issue des ghettos US, représentant de la « street culture » , et l’Italien, n’ayant jamais voyagé aussi loin jusqu’alors, on peut imaginer que leurs sentiments ont pu par moment se ressembler.

S’immerger dans une ville inconnue, observer, se laisser pénétrer par des fragrances singulières et, parfois, goûter à une cuisine inconnue… bien qu’aujourd’hui, Allen ne doit pas trop avoir de mal à trouver un bon burger !

Après le charme de la découverte, d’autres sentiments s’installent lors d’une expatriation. On s’ennuie, on doute, on s’emporte, on peut se méfier de ceux qui nous entourent, quand on sait d’expérience combien les jalousies peuvent être légion. Alors quand on est d’ un autre monde, d’une autre culture, on se rattache à quelque chose que l’on a plaisir à exercer. La balle orange pour Iverson, et les carnets de dessins pour l’artiste florentin.

Si loin, si près

Tandis que Michel Ange découvre les joies et les tourments du dilettantisme dans cette cité, il va s’enfermer dans sa chambre pendant des jours et s’abandonner dans des esquisses de détails entrevus dehors. Il ne pourra, malgré tout, finir ce pourquoi on l’avait convié, et sa venue restera le symbole d’un geste inachevé vers l’autre rive de la civilisation. Quand à Iverson, on attend toujours de voir si son séjour représentera l’emblème du coup marketing au détriment du sportif, ou celui de l’adaptation réussie entre deux mondes et deux basket différents.

Malgré tout, on peut dire que ces deux personnes, si opposées l’une de l’autre, ont à un moment donné de l’Histoire, dans leur domaine respectif,  influencé considérablement leurs contemporains, au point de voir évoluer l’Histoire de l’Art et le Basket-ball après leur passage.

L’article est inspiré du livre : Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, de Mathias Enard, éd. Actes Sud

Retrouvez d’autres articles multisport sur le blog de l’auteur : awaquier.blogspot.com


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Déjà 2 Commentaires :

  1. StillBallin
  2. Bien sympa cet article.

    le 9 janvier 2011 à 12 h 36 min

  3. Simo
  4. La parallèle est vraiment intéressante et très vrai, et ça me refait penser à la « mode » qu’à lancer Iverson en portant des « coudières » pour protégé des pansements et que tout le monde porte aujourd’hui (même moi c’est pour dire !!!! mdr)

    le 9 janvier 2011 à 15 h 48 min