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Isiah Thomas, pas le même métier

L'oeil de BasketMan | Par Arthur le 11 novembre 2010 à 19 h 49 min

Si bon joueur, si mauvais entraineur

Il est rare que les grands joueurs deviennent de grands entraîneurs ou de grands manageurs, une fois à la retraite. Le contraire est également vrai, les très bons entraîneurs ont rarement été de très bons joueurs. Larry Bird, Michael Jordan ou encore Chris Mullin, la plupart ont tenté une reconversion dans le monde du basket après une carrière sous les titres et les gloires, et le constat est pour le moins mitigé. Jordan n’a jamais qualifié ses Bobcats pour les playoffs, Bird est à la tête d’une équipe médiocre avec les Pacers, et Mullin accumule les bourdes en matière de transfert.

Il faut s’y résoudre, le talent de joueur n’a rien avoir avec celui de manager. Il est certain que malgré ses dernières déclarations, Zidane ne deviendra jamais grand entraîneur de foot, regardez Maradona. Pourtant, parmi tous ces exemples, il en est un assez incroyable. Il restera doublement dans l’histoire de la NBA : tout d’abord comme l’un des meilleurs joueurs durant sa jeunesse, puis comme l’un des pires entraîneurs une fois à la retraite. Cette exemple si marquant n’est autre que Isiah Thomas, meneur hors norme de Detroit, devenu bouc-émissaire du tout New York après son passage pour le moins remarqué à la tête des Knicks.

Leader des Bad Boys

Double champion NBA, 5ème meilleur passeur de l’histoire, 12 fois AllStar, MVP des Finales, membre du Hall of Fame, etc… La liste du palmarès de Isiah Thomas est tout simplement ahurissante. Ce joueur, originaire de Chicago et dernier d’une fratrie de 9 enfants, a tout gagné dans sa carrière, tant sur le plan personnel que collectif.

Meneur des Pistons durant le fameux doublé 1989-90, il guida l’équipe surnommée les Bad Boys ! En compagnie de Joe Dumars, Bill Laimbeer ou encore Dennis Rodman, il mena l’une des meilleures défenses de l’histoire du basket, l’une des plus dures aussi. Détesté par toute la ligue, ces joueurs multipliaient les coups bas, n’étant jamais inquiétés par des arbitres beaucoup plus tolérants que de nos jours. Les amendes ridicules d’aujourd’hui n’existaient pas, les affrontements étaient réels, parfois violents ; le public se régalait.

Thomas était impressionnant de facilité sur un terrain. Sa polyvalence le rendait bon partout : au shoot, en pénétration, en défense. Il savait accélérer quand il le fallait, prendre le match à son compte, et chose encore rare à cette époque pour un joueur de sa taille (1m85), il savait dunker. Il était l’équivalant de Magic Johnson, l’image du gendre idéal en moins.

Il faut dire que malgré son énorme talent, Isiah est déjà peu apprécié à cette époque, hormis par les fans des Pistons. On le dis mauvais garçon, les supporters des autres clubs le haïssent. Sa rivalité et ses différents avec Michael Jordan sont connus de tous. Ils se détestent, et enchaînent les coups bas visant à déstabiliser l’autre. La rumeur va jusqu’à dire que Jordan aurait menacé de ne pas participer aux JO de Barcelone, si Thomas était sélectionné. Les preuves n’existent pas, toujours est-il que ce dernier n’y participa pas.

Thomas n’est donc pas reconnu à sa juste valeur. Il met un terme à sa carrière de joueur en 1994, lorsqu’il est victime d’une rupture des ligaments. Il aura passé sa carrière à Detroit, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il aura marqué l’histoire de la franchise. Il en sort meilleur marqueur, passeur et intercepteur, ce n’est pas rien.

Une nouvelle carrière, une catastrophe

Finis les parquets, Isiah Thomas ne veut pourtant pas trop s’en éloigner. Il décide d’investir l’argent gagner durant sa carrière dans le monde de la balle orange. Premier investissement, la néo-équipe NBA de Toronto, les Raptors. Malgré de bonnes trouvailles chez les jeunes, la plus marquante étant l' »homme aux genoux de verre » Tracy McGrady, Thomas ne reste pas longtemps dans la franchise. Sur fond de désaccord avec la direction, il s’en va en 1998.

Deuxième investissement de l’ex-Pistons, la CBA, une ancienne Ligue mineure qu’on lui reproche aujourd’hui d’avoir plus ou moins coulée, de par ses choix douteux. Fermé peu après son arrivée, il y aura tout de même laissé plus de 10 millions de dollars de sa fortune personnelle, une somme colossale. Le jeune retraité ne se décourage pourtant pas, malgré déjà un début de réputation de cancer d’équipe.

En effet, sa troisième expérience se situera à Indianapolis, où il reprend le poste d’entraîneur laissé vacant par Larry Bird devenu lui dirigeant de l’équipe. Thomas favorise encore une fois la jeunesse, une jeunesse talentueuse mais également habituée à la rubrique fait divers. Les recrues se nomment Jamaal Tinsley, Ron Artest ou Jermaine O’Neal : pas des coéquipiers exemplaires. L’ancien Bad Boy veut recréer l’ambiance qu’il a connu lorsqu’il était joueur, malheureusement pour lui la NBA s’est endurcie envers les mauvais garçons. Ses choix ne sont pas du goût de ses dirigeants, encore une fois, et Bird le limoge après trois éliminations au premier tour des playoffs.


Thomas, ou comment ruiner une équipe

Thomas va une nouvelle fois faire voir sa capacité à rebondir malgré ses échecs retentissant. Il débarque ainsi à New York en 2003, au départ en tant que directeur des opérations baskets. C’est ici qu’il va faire les pires erreurs de sa vie, ridiculisant une franchise aussi mythique que les Knicks, et s’attirant les foudres des fans de la Big Apple.

A son arrivée, il est d’abord apprécié par le public, il a le mérite d’avoir fait signer Stephon Marbury, l’enfant du pays, en échange de Antonio McDyess. L’avenir montrera pourtant que les fans se seraient bien passé de ce joueur, capable d’amener toute sorte de tension dans un vestiaire. Thomas nomme également Lenny Wilkens, l’entraîneur ayant le plus grand nombre de victoire de l’histoire de la Ligue, à la tête de son équipe.

Dès lors, malgré le manque de résultat, il ne va cesser d’offrir des contrats mirobolants et insensés à des joueurs qui ne le méritent sur aucun point. Il va en effet offrir des millions de dollars à Tim Thomas, Marbury, Crawford ou même Malik Rose, des joueurs loin d’être des sur-doués de la balle orange, et étant plutôt connus pour leurs frasques hors du terrain. Thomas fait du Thomas, il récrée une nouvelle fois les Bad Boys chez les Knicks.

En 2005, Larry Brown remplace Wilkens. Les années suivantes verront s’enchaîner des arrivées de joueurs et des départs de joueurs tous plus surpayés les uns que les autres : Quentin Richardson, Eddy Curry, Steve Francis, Jalen Rose… Isiah ruine les finances de l’équipe avec la plus grosse masse salariale de la Ligue (120 millions de dollars), alors que ses Knicks n’atteignent même plus les playoffs. La colère du public très exigeant du Madison Square Garden commence à se faire beaucoup sentir dans les rues de la Grande Pomme. Le bilan de la saison 2005/2006 est cauchemardesque : 23 victoires pour 59 défaites, les Knicks sont tout simplement dernier de la NBA, une honte pour cette franchise historique.


La honte pour New York

Persuadé de pouvoir rétablir cela, Thomas prend la place de Brown sur le banc, en plus de sa casquette de général manager, une bourde de plus. Les bad boys de New York et non plus de Detroit vont alors faire la une des journaux New Yorkais. Le 16 décembre 2006, une bagarre éclate au Garden. Mardy Collins, selon certains médias à la demande de Thomas, décide de faire une faute énorme sur J.R. Smith des Nuggets. Les esprits s’échauffent rapidement et le match dégénère, les deux équipes doivent être séparées par la sécurité. Carmelo Anthony écopera de 15 matchs de suspension, Mardy Collins de 6, après ce match ou 10 joueurs seront expulsés. Les Knicks se recouvrent de honte une nouvelle fois, la ville tout entière demande la démission, voir le licenciement pur et simple d’Isiah Thomas.

Celui-ci fait une nouvelle fois parler de lui en Octobre 2007, il est accusé de harcèlement sexuel par une employé des Knicks. L’équipe versera plus de 10 millions de dollars à la femme pour ne pas que l’entraîneur soit inquiété, encore de l’argent perdu inutilement.

C’en est beaucoup trop, Thomas est limogé en Avril 2008 : il ne sera plus ni manageur, ni entraîneur, un soulagement pour beaucoup. Donnie Walsh reprend l’équipe et réalise un grand ménage, transférant tous les joueurs nuisibles pour le bon équilibre de l’équipe.

Isiah Thomas aura donc tout connu ; de la gloire de sa jeunesse, à ses calamiteuses erreurs en tant qu’entraîneur, il sera passé par toutes les épreuves. Grand joueur ne rime pas avec grand entraîneur. Nombreux sont les retraités du haut niveau qui tentent leurs chances, rare sont ceux qui réussissent leurs reconversions.


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Déjà 1 commentaire :

  1. Kid
  2. Et il a failli revenir au Knicks… Cette franchise fait partie de mes favorite j’espère qu’il vont finir par se relever de cette période sombre.
    Superbe post qui confirme effectivement que certains joueurs devraient tranquillement profiter de la retraite.

    le 12 novembre 2010 à 12 h 03 min